Le roman que je finis est du même auteur que celui qui inaugure la première chronique postée sur ce blog il y a quatre ans. Je disais que j’avais été fou de lui. Le titre même du blog (lire sa vie) provient de ce que je ressentais quand je lisais ses romans. L’écoutant un de ces jours derniers sur France Culture, je l’entendis dire cette phrase (je transcris de mémoire) « écrire, pour moi, c’est écrire pour la littérature ». Je suis resté sidéré. Je pensais qu’il écrivait pour moi, j’y avais toujours cru, et il m’avait convaincu sur beaucoup de choses qui se passaient dans ma vie, et bien non, je dois déchanter, il n’écrit plus pour moi. C’est d’ailleurs ce que j’ai ressenti en lisant son roman récent (à l’origine d’un film), les phrases sont vraiment bien ciselées, la construction du roman est mûrement réfléchie (30 jours dans la vie d’une femme), sans un seul chapitre ni même un saut de ligne pour permettre au pauvre lecteur de souffler ou d’aller travailler, manger, dormir, s’occuper de tas de choses, en profitant de la fin d’un chapitre, d’une séquence, à chaque fois qu’il attrape le livre, pour pouvoir s’y retrouver quand il y revient. Et bien non !, pendant les 230 premières pages, rien de tel, pas une seule aire de repos, et il y en a 242. Comprenez-moi bien, je n’ai absolument rien contre la littérature, mais j’ai la faiblesse de lire pour moi-même, voyez-vous, j’adore m’identifier à un héros, je lis par passion ou pour comprendre, que sais-je ? Après tout, peut-être est-ce cela la littérature dont parle Philippe Djian. Je dois être vieux et fatigué, je n’ai rien senti.

Décembre est un mois où les hommes se saoulent tuent, violent, se mettent en couple, reconnaissent des enfants qui ne sont pas les leurs, s’enfuient, gémissent, meurent…

Philippe Djian, « Oh… », folio

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